Pour fêter l’arrivée de l’été, nous vous emmenons en voyage dans les Zones Bleues. Ce sont cinq régions du globe où les habitants vieillissent mieux et vivent plus longtemps qu’ailleurs. Quel est le secret des Zones Bleues ?

Enfant, j’étais fasciné par la légende du Triangle des Bermudes.

La connaissez-vous ?

Le Triangle des Bermudes est une zone géographique imaginaire de l’océan Atlantique qui aurait été, selon la légende, le théâtre d’un grand nombre de disparitions de navires et d’aéronefs. Les embarcations qui pénétraient dans cette zone disparaissaient purement et simplement. Comme avalées. Par qui, par quoi, on ne savait pas. La science a promptement fait sauter la croyance. Car cette légende se fonde surtout sur des informations erronées, embellies ou mal interprétées et non sur des preuves évidentes. Le Triangle ne présente statistiquement parlant aucune anomalie. Selon un rapport du World Wide Fund for Nature en 2013, le Triangle des Bermudes ne fait même pas partie des endroits les plus dangereux pour la navigation.

Malgré cette réfutation scientifique, il est séduisant d’imaginer qu’une zone de la planète dégage une énergie particulière provoquant des effets sur les êtres qui y transitent. La perspective d’être aspiré par une entité mystérieuse pendant une croisière dans les Caraïbes n’est pas particulièrement réjouissante, mais de nouvelles zones mystérieuses offrent des perspectives plus enthousiasmantes. Elles feraient bénéficier ceux qui y vivent d’une longévité exceptionnelle.

On appelle ces régions les Zones Bleues.

Ce sont les cinq endroits du globe qui recensent la plus forte concentration de super-centenaires. Des régions où femmes et hommes vivent statistiquement plus longtemps et sont moins victimes de maladies dégénératives ou de démences.

La première zone bleue a été découverte en Sardaigne au début du siècle par les démographes Gianni Pes et Michel Poulain. Ils ont relevé une concentration anormalement élevée de centenaires dans la région de Nuoro, à l’est de l’île. Les démographes ont réalisé une carte de la région où les concentrations de personnes plus âgées que la moyenne étaient identifiées grâce à des cercles bleus concentriques. A l’usage, ils ont appelé l’épicentre de leur carte : la zone bleue.

zones bleues

Les travaux de Gianni Pes et Michel Poulain ont été rendus populaire par le reportage que l’aventurier Canadien Dan Buettener a publié en 2005 dans le magazine National Geographic. Avec la complicité de Gianni Pes et Michel Poulain, Dan Buettener a recherché d’autres zones de population présentant des caractéristiques similaires.

Ils ont ainsi découvert quatre nouvelles zones bleues, ce qui porte le total à cinq zones, où les personnes âgées vieillissent globalement mieux qu’ailleurs.

Chaque zone offre en outre un bénéfice spécifique à sa population :

  • La région de Barbagia en Sardaigne : une région montagneuse de l’est de l’île avec la plus forte concentration mondiale d’hommes centenaires.
  • L’île d’Ikaria en Grèce : une île de la mer Egée avec le plus bas taux de maladies dégénératives et de démences.
  • La péninsule de Nicoya au Costa Rica : la deuxième plus forte concentration d’hommes centenaires.
  • La communauté religieuse d’Adventistes du septième jour de Loma Linda en Californie : Femmes et hommes vivent en moyenne dix ans de plus que les autres Nord Américains.
  • L’île d’Okinawa au Japon : La région du monde où l’espérance de vie en bonne santé après 70 ans est la plus élevée, pour les femmes.

Le Canadien s’est rendu dans chacune des zones pour essayer d’en percer les secrets.

Il a ensuite compilé ses découvertes et établi une liste des neuf comportements et usages contributifs de la longévité.

  1. Une activité physique régulière mais modérée : les habitants des zones bleues se déplacent à pied, utilisent peu d’appareils électriques. Ils ont une vie active sans avoir nécessairement une activité sportive.
  2. Un lieu de vie sauvage, peu urbanisé, proche de la nature.
  3. Une vie peu stressante
  4. Une alimentation faiblement calorique.
  5. Un régime naturel, reposant essentiellement sur des produits agricoles peu transformés.
  6. Une consommation raisonnée d’alcool, notamment de vin : un peu mais pas trop
  7. Une vie spirituelle ou une pratique religieuse.
  8. Des liens forts avec la famille, une vie familiale intense.
  9. Une vie sociale, des relations de voisinage quotidiennes, des échanges.

 

zones bleues

Dix ans après la découverte de la Zone Bleue Sarde, l’entreprise Blue Zone fondée par Dan Buettener prospère en développant des projets de changement de mode de vie dans les villes volontaires.

Leur site internet propose également un régime alimentaire miracle censé améliorer l’espérance de vie. Plus généralement, le concept de Zone Bleue fait l’objet de plusieurs récupérations mercantiles dans les régions concernées. D’habiles marchands de rêve laissent entendre qu’un séjour en zone bleue aura le même effet que la fontaine de jouvence.

Il faut hélas couper court à ces fantasmes en carton. Le vrai bénéfice de la Zone Bleue profite uniquement à ses habitants à long terme. La Zone Bleue n’est pas un endroit miraculeux qui redonnera jeunesse et vigueur aux voyageurs de passage. Non, la Zone Bleue est une région où des organisations humaines prospère et survivent à l’écart du monde. Dans un entre-soi riche en relations sociales en circuit fermé.

Observons ensemble la localisation des zones bleues sur la carte du monde.

Exception faite de Loma Linda, installée dans une zone de fort peuplement et dont la cohésion repose sur la foi et la pratique religieuse de la communauté adventiste du septième jour qui a fondé la ville, toutes les zones bleues sont situées dans des régions pauvres et isolées.

  • Ces régions ont subi peu de colonisations, de migrations ou d’exodes.
  • Elles sont démographiquement stables, où l’économie repose sur une agriculture et un artisanat local, en circuit fermé.
  • Ce sont des régions où les liens familiaux et sociaux sont restés forts, dans une logique clanique et villageoise.

Pourtant, Dan Buettener pense que le bénéfice des zones bleues n’est pas réservé à leurs habitants et que l’expérience est transposable ailleurs.

Capitalisant sur les découvertes faites par son équipe sur le terrain, Dan Buettener a élaboré une sorte de cahier des charges de la longévité. Selon lui, la longévité s’explique à 10% par les gènes et à 90% par le mode de vie. Le Canadien a donc essayé de transposer le mode de vie des zones bleues dans des villes américaines. Les résultats sont encourageants :

  • La longévité s’est améliorée,
  • L’obésité, les maladies cardio-vasculaires et les hospitalisations ont diminué,
  • Globalement, la santé des habitants s’est améliorée,
  • Les habitants ont tissé de nouveaux liens sociaux.

Dan Buettener et son équipe ont constaté que les usages favorisant la longévité sont bénéfiques pour tous les âges.

Tout le monde est donc gagnant à adopter ce mode de vie sain. A ce jour, près de dix villes américaines participent au programme.

S’ils peuvent le faire aux Etats-Unis, qu’est-ce qui nous empêcherait de le faire en France ?

Pensez-vous qu’une telle expérimentation serait intéressante ?

Que faudrait-il changer dans notre société pour qu’elle porte ses fruits ?

 

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